Celui d’Emil Ferris premier roman graphique“Ce que je préfère, ce sont les monstres“, publié quand elle avait cinquante-cinq ans, a été un succès retentissant, recueillant louer des critiques et de ses pairs pour ses dessins hachurés complexes, son intrigue captivante et son mariage d’esthétique gothique-pulp et de commentaires sociaux pointus. L’histoire est présentée comme le journal de Karen Reyes, une jeune fille de dix ans qui a grandi dans le Chicago politiquement instable des années soixante. Sur quatre cent seize pages de papier ligné, Karen enquête sur le meurtre de sa voisine Anka, une belle et mystérieuse survivante de la Shoah. Avec des dessins magistraux au stylo à bille, Ferris mêle histoire, bandes dessinées et horreur pour faire écho au sentiment de Karen d’elle-même en tant que monstre. Lorsque le livre est sorti en 2017, peu après l’investiture de Donald Trump, de nombreux lecteurs ont adopté ses représentations graphiques de la façon dont nous percevons la monstruosité et sont devenus followers du jour au lendemain. « À une époque où la laideur spirituelle est promue comme norme sociale, l’artiste a plus que jamais la responsabilité de faire ressortir des vérités complexes et difficiles », nous a dit Ferris.
“Mon truc préféré, ce sont les monstres, tome deux“, sera publié par Fantagraphics à la fin du printemps, sept ans après la première annonce de la suite. (Après une longue dispute entre l’auteur et l’éditeur, un accord a été conclu l’année dernière.) Le deuxième quantity de plus de quatre cents pages vaut bien l’attente. Karen proceed de creuser plus profondément la mort tragique d’Anka, s’inquiète pour son grand frère charismatique mais imparfait, Deeze, et s’interroge sur sa propre identité avec une nouvelle amie, Shelley. Dans l’extrait ci-dessous, Karen raconte à Deeze un incident dont elle a été témoin dans le bus de la ville, sondant ses propres sensibilités évolutives à propos de l’inhumain et de l’obscène.
—Françoise Mouly et Geneviève Bormes