À l’approche des Jeux Olympiques de 2024, la France est en pleine tourmente. Les préparatifs des Jeux ont été difficiles, avec des grèves, des menaces terroristes et des habitants mécontents. Aujourd’hui, les élections anticipées ont entraîné une paralysie politique et accru les tensions sociales. Dans ce contexte, Esprit discover l’histoire et l’significance de cette compétition distinctive, ainsi que les controverses qui l’entourent actuellement.
Il ne reste presque rien des « valeurs » originelles des Jeux modernes imaginées par leur « père fondateur » Pierre Coubertin. Refondés en 1894 comme une manifestation novice « détachée de la politique », ils devaient être « protégés du monde réel, mais capables de lui insuffler un esprit de réconciliation », écrit Marianne Ammar
Un tel idéalisme s’est avéré difficile à maintenir. Alors que les Jeux se sont poursuivis presque sans interruption malgré les totalitarismes du XXe siècle, la fin des empires et la décolonisation, ils ont « convergé avec la politique et la diplomatie ». En 2009, les Nations Unies ont accordé au Comité worldwide olympique (CIO) le statut d’observateur. L’idée selon laquelle tout cela n’est qu’un jeu est définitivement révolue.
En mars 2024, Emmanuel Macron avait déclaré à des journalistes ukrainiens qu’il demanderait au président russe un cessez-le-feu et « de respecter la trêve pendant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris ». Poutine avait accepté d’y réfléchir. Pourtant, la trêve olympique est « une custom inventée », écrit Sylvain Dufraisse, utilisée pour promouvoir autant des intérêts individuels que la paix mondiale.
Dans les années 1950, plusieurs pays ont menacé de boycotter les Jeux de Melbourne. L’Espagne et les Pays-Bas se sont opposés à la participation de la Russie, tandis que l’Égypte, l’Irak et le Liban s’opposaient à la participation d’Israël. Pour justifier la participation de tous les pays, le CIO a invoqué les Jeux olympiques de la Grèce vintage, où se déroulaient les Jeux. ekecheiria c’était une sorte de trêve garantissant aux athlètes un passage sûr vers les Jeux.
Ajustant le idea, les responsables du CIO ont appelé à « la bonne volonté entre les athlètes, les officiels et les spectateurs des différentes nations » pendant toute la durée des Jeux, quelles que soient leurs relations diplomatiques. En 1972, les Soviétiques ont invoqué la trêve pour exiger que les stations américaines Radio Liberty et Radio Free Europe suspendent leurs émissions à Munich pendant les Jeux.
Après les Jeux olympiques de Barcelone en 1992, où le CIO avait appelé à une cessation des hostilités mondiales pendant toute la durée des Jeux, plus une semaine de chaque côté, l’ONU a institutionnalisé cette initiative. Elle vote désormais un texte non contraignant appelant à une trêve tous les deux ans, avant les Jeux d’été et d’hiver. Cette démarche a légitimé le CIO et sa « politique d’apolitisme », lui accordant une « reconnaissance diplomatique » et l’aidant à « maintenir son monopole sur l’organisation de compétitions internationales multisports ».
Jeux républicains
De la même manière que les événements mondiaux s’infiltrent dans l’arène, les Jeux s’étendent au monde réel, transformant les pratiques sportives qu’ils touchent, les villes hôtes et les modes de vie de leurs habitants. Les pays hôtes espèrent généralement une reconnaissance internationale, une régénération urbaine et une citoyenneté plus sportive. Mais la France a vu plus loin : Paris 2024 présentera un modèle alternatif à l’individualisme et écrira un « nouveau récit nationwide », « donnera du sens à l’avenir pour la jeunesse » et favorisera la cohésion sociale.
Remark le sport et les objectifs de la nation sont-ils devenus si étroitement liés ? Patrick Mignon retrace l’évolution de cette relation, de la IIIe à la Ve République. La imaginative and prescient olympique de Pierre Coubertin est d’abord rejetée comme élitiste, tandis que dans l’entre-deux-guerres, les sports activities de compétition, notamment le soccer, le cyclisme et le rugby, sont considérés comme une menace pour les idéaux républicains, capables de « transformer le peuple en foule ».
Mais peu à peu, l’Etat français a compris l’utilité du sport pour véhiculer les valeurs républicaines. En 1998, la Coupe du monde a brièvement réuni un pays divisé, « mettant ainsi fin à plus de vingt ans de politique d’intégration des immigrés ». Paris 2024 aura-t-il le même effet ?
Jeux capitalistes
Paris 2024 va mettre en valeur la ville et la doter de nouvelles infrastructures et équipements sportifs. Mais à quel prix ? Hacène Belmessous pointe du doigt une démocratie fragilisée et la destruction de l’utopie d’une ville pour tous.
En 1992, 2008 et 2012, Paris s’était portée candidate à l’organisation des Jeux, mettant en avant son « patrimoine historique et ses personnages emblématiques ». Elle promettait des Jeux « à taille humaine », soucieux des enjeux éthiques et écologiques. Le CIO n’était pas convaincu. Défaite face à Londres en 2012, Paris a mis en trigger son « picture de capitale figée dans le temps » et capitulé devant les « exigences excessives du CIO », se présentant comme une vacation spot d’investissement : « engaging, créative, consumériste ».
Depuis les années 1990, le capitalisme a de plus en plus déterminé l’urbanisme à Paris ; les Jeux ne sont que le « dénouement d’un processus qui se déroule à distance de l’espace démocratique ». Une loi de 2018 faisant des Jeux un « projet d’intérêt nationwide » a réduit la session publique sur le développement et supprimé les exigences de permis, étouffant le débat. Alors que les investisseurs font fortune, les résidents sont confrontés à des « loyers inabordables sur le marché libre », à un « manque necessary de logements sociaux » et à la privatisation de l’espace public.
La Seine-Saint-Denis sera « régénérée », mais ses problèmes de pauvreté et de discrimination ne seront pas résolus. Et après les Jeux, la rénovation se poursuivra, éliminant les quelques poches de diversité sociale restantes tandis que des quartiers comme Belleville, autrefois un paradis pour les artistes, seront réaménagés. « Plus vite, plus haut, plus fort » est le slogan des Jeux », word Belmessous, mais « c’est aussi le mot d’ordre des villes mondiales ».
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