Depuis Détails de « l’hiver,« un portfolio qui paraît dans le numéro d’hiver 1976 de La Revue de Paris.
L’histoire de Yan Lianke « Plantes, pierres, terre et ciel», traduit par Jeremy Tiang, paraît dans le numéro de l’automne 2025 de La Revue de Paris.
Lorsqu’un auteur est empêché de paraître dans son propre pays et ne peut vivre nulle half ailleurs, il se retrouve à la fois débattu et crié, attaqué et aimé, oublié mais toujours rappelé, comme un hérisson qui, pour une raison quelconque, doit ramper le lengthy des sentiers humains, entouré de badauds, se fait donner des coups de pied et est poussé à coups de bâton dans les sous-bois, même s’il y aura inévitablement des gens qui trouveront cette créature aussi importante que la vie elle-même et l’emmailloteront doucement. dans leurs vêtements pour le transporter dans une partie inhabitée de la forêt. Pourtant, ce hérisson retournera sur le chemin dès que le soleil sera au rendez-vous.
Parce que le soleil brille sur ce chemin forestier.
Parce que le hérisson aspire au soleil.
C’est comme ça que les choses sont, cycliques et répétitives, répétitives et cycliques. Le jour viendra-t-il où le hérisson expirera sur ce chemin ensoleillé ?
Depuis mes soixante ans, je pense à la mort chaque jour.
Chaque nuit, je prends mes somnifères et je pense au caractère inévitable de mon décès. Les pilules ne font pas que freiner mon insomnie ; plus essential encore, ils m’aident à oublier la mort, afin que je puisse me réveiller le lendemain, regarder le soleil grimper lentement sur le rebord, m’asseoir près de la fenêtre bien éclairée et prendre mon stylo pour mettre mes pensées sur papier. Un hérisson rampe à nouveau sur le chemin ensoleillé. De cette façon, un jour après mon soixantième anniversaire, j’accepterai le caractère inévitable de la mort, tout comme j’accepte que le monde n’a pas nécessairement gagné une personne après ma naissance et qu’il ne perdra pas nécessairement une personne après mon départ. Tout cela me donnera un peu plus de sérénité face à la mort. Mon décès inéluctable semble cohérent avec quelque selected d’autre dans ma vie : travailler pendant trois à cinq ans pour produire un livre, non pas parce qu’il sera publié en chinois simplifié ou en caractères traditionnels pour les marchés de Hong Kong ou de Taiwan, et certainement pas pour qu’il puisse être traduit dans toutes sortes de langues et publié dans le monde entier, mais simplement écrire pour le plaisir d’écrire, ce qui m’a accordé un sure degré de liberté pour que je puisse raconter cette histoire, sans entrave, à mon fils, et quand il sera âgé, il pourra lui aussi le transmettre à sa progéniture. Bien, très longtemps après ma mort, quand je serai poussière et même mon cercueil, mes vêtements et mes os se seront effondrés, quand le soleil aura infiltré les bois et que personne n’aura plus besoin de courir comme un hérisson à la recherche de la lumière, un de mes descendants sortira tranquillement mon manuscrit et le remettra au public. Que se passera-t-il alors ?
J’think about qu’au moins mes descendants et certains lecteurs – ou peut-être juste un seul lecteur – liront ce roman, soupireront et murmureront : « Ah, c’est ainsi que nos ancêtres pensaient et écrivaient autrefois.
Uniquement pour le plaisir de ce soupir qui surviendra à un second indéterminé dans un avenir lointain, je me suis lancé dans l’écriture pour le plaisir d’écrire. Pendant plus de deux ans, j’ai écrit chaque jour, sans pause, jusqu’à ce que j’aie achevé un manuscrit de plus de trois cent mille mots. En regardant les rames de papier, je me suis interrogé :
Quel style de personne es-tu ?
Quel style d’auteur es-tu ?
En fin de compte, je suis une personne étrange qui n’arrive pas à s’intégrer parfaitement à la réalité. Ce qui me fait penser aux qualités étranges de mon écriture, aux passages que les gens ont du mal à avaler. Je gagne ma vie dans le monde réel, mais en même temps je suis un excentrique qui lutte sans relâche pour l’étrangeté de mon écriture. Je ne suis pas fier de cette bizarrerie, ni n’en ai honte, tout comme le hérisson ne laisse pas sa laideur et son impopularité l’empêcher de rechercher le chemin forestier ensoleillé.
Après avoir terminé le roman que j’avais écrit sans raison, je me suis reposé un peu avant de commencer le travail de révision.
Ce roman ressemblait beaucoup à un hérisson rampant pendant des années à la recherche du soleil, non seulement parce qu’il était couvert de pointes rebutantes, mais aussi parce qu’au fond de son âme, il avait une odeur weird, humide et forestière qui le rendait intolerable aux autres. Et pourtant, ce sont précisément les caractéristiques du hérisson qui le distinguent en tant qu’espèce. N’y aurait-il pas des romans qui, parce qu’ils sont couverts de pointes et ont une odeur particulière, acquièrent la stature de la littérature ?
Je vis pour cette étrangeté.
J’écris à trigger de cette bizarrerie et de ces odeurs particulières.
Afin de rendre l’étrangeté de mon roman sans however encore plus intense et pure, j’ai passé deux ans à le réviser et à le rogner, encore et encore. Quand j’étais las, je posais ma plume et composais plutôt une ou deux nouvelles, afin de me donner un peu de répit. Rien dans ces histoires, depuis leurs personnages jusqu’à leurs intrigues, ou même leurs kinds, n’avait quoi que ce soit à voir avec le roman. Pourtant, dans leur façon de penser et leur esprit, ils sont tout aussi étranges et leur odeur est tout aussi étrange. Je n’oserais pas m’éloigner de cette étrangeté. Mon projet est de produire plus de dix nouvelles entre les périodes de travail sur mon roman ; tout comme le roman, ils seront écrits dans un seul however que la recherche de l’excentricité. Ces nouvelles ne seront pas une extension ou un appendice du roman, mais plutôt elles se refléteront les unes les autres tout en existant dans leurs propres espaces, le tout dans le however de placer des pictures et des odeurs étranges entre les mains des lecteurs. Lorsque le hérisson retrouvera enfin le soleil, il offrira chaleur et affection au monde.
« Plantes, pierres, terre et ciel » n’est que la première histoire de cette assortment. Ce n’est probablement pas le style d’histoire que tous les lecteurs apprécieront, en termes de langage et de narration, de personnages et de leurs émotions, ou de représentation de l’éclosion et du déclin de la vie. En effet, dans le vaste pays de 1,4 milliard d’habitants où je vis, certains l’ont déjà dédaigné pour son étrangeté, tout comme ils méprisent la puanteur du hérisson.
Le monde a besoin de temps en temps d’écritures bizarres et répugnantes, même si les lecteurs ne l’aiment pas, sinon les auteurs cesseront d’exister dans ce monde. C’est cette étrangeté qui permet à la littérature de perdurer et de s’épanouir.
Celui de Yan Lianke Histoire de la Chineun roman, paraîtra chez Grove Atlantic en 2026, traduit par Jeremy Tiang. Cet essai a également été traduit par Jeremy Tiang, romancier, dramaturge et traducteur de plus de trente livres chinois.
