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Home Culture - Livre

Dialogue sur la voiture par Cynthia Zarin

by ETHAN PIKE
3 novembre 2025
in Culture - Livre
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Dialogue sur la voiture par Cynthia Zarin
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Berline Saab 2005. Avec l’aimable autorisation de Wikimédia Commons. Sous licence CC par 3.0.

J’ai appris à conduire sur le parking de ce qu’on appelait alors le supermarché A&P, qui marquait la sortie vers une maison que possédait alors ma famille, près d’une crique et en face d’un petit port. L’idée était que mon père m’apprenne. Durant l’été, je passais beaucoup de temps seul avec mon père sur un voilier de dix-neuf pieds appelé le Nausicaä. Dans le OdysséeNausicaa, fille du roi Alcinous et de la reine Arété, lave du linge près d’une crique de l’île de Phéacie, près de l’endroit où Ulysse, après un naufrage, s’est échoué. Lorsqu’il apparaît, réveillé de son sommeil par les éclaboussures d’une marée conçue par la déesse Athéna, les servantes de Nausicaa s’enfuient, mais « la fille d’Alcinous a tenu bon, automobile Athéna a implanté le braveness dans son cœur ».

Ulysse est nu. Nausicaa lui prête du linge et l’emmène chez lui rencontrer ses mother and father, qu’il divertit en racontant des histoires : L’épisode de Nausicaa sert de cadre à de nombreux contes de la Odyssée. Curieusement, son nom est souvent traduit par « brûleur de navire ». Le bateau portait ce surnom et mon père n’a pas pensé à le changer.

Les jours calmes, j’aimais m’allonger sur la proue, la joue contre la peau chaude du bateau qui sentait le sel, le soleil, le caoutchouc et la mouette. Lorsqu’une tempête éclatait, le barrage se retournait, des cordes me coupaient les doigts et mon père criait des imprécations. Des décennies plus tard, il a emmené une de mes filles sur un Sunfish sur un étang voisin. Le vent s’est levé. Nous ne reviendrons peut-être pas, dit-il. Elle revint le visage blanc et ne repartit plus jamais naviguer avec lui. A son âge, je n’avais pas cette prérogative.

Quand est venu le temps d’obtenir mon permis d’apprenti conducteur, mon père m’a annoncé que puisqu’il m’avait appris à naviguer, il m’apprendrait à conduire. Ma mère était une bien meilleure conductrice, mais peu importe. Plutôt que Port! Tribord! mon père a crié Gauche! Droite! Sur le tarmac noir et vide du centre business, je serrais le volant de notre vieux break Ford Nation Squire comme si nous virions de bord dans les marteaux.

Il est juste de dire que je ne l’ai pas accepté. J’ai eu mon permis, mais il m’a fallu des années, en réalité, avant d’apprendre à conduire, ce qui, comme beaucoup d’autres choses qu’on apprend, consiste à faire consideration, à regarder dans le rétroviseur et à ne pas compter sur les autres pour respecter les règles. À ce moment-là, j’étais nouvellement séparée de mon mari. Lorsque nous nous sommes mariés, c’est lui qui conduisait : nous avons eu quatre enfants, dont deux étaient mes beaux-enfants. Mes compétences n’étaient pas à la hauteur des querelles sur la banquette arrière, du freinage sur le bord de la route jusqu’à ce que Q. s’excuse auprès de M. Nous avons enfoncé nos voitures dans le sol ; le dernier – une Volvo de 1987 – jusqu’à ce que le moteur tombe en panne sur Park Avenue pendant la course à l’école.

Ensuite, j’étais seul. Ou en quelque sorte. J’avais conservé mon permis, mais maintenant j’avais besoin d’une voiture. Quel style de voiture ? Comme dans le cours habituel des choses – une tendance congénitale vers l’irréalité, une nostalgie obstinée – j’aspirais à quelque selected qui n’existait pas : la voiture au bout de l’esprit, une voiture aussi éblouissante que l’oiseau aux plumes d’or de Wallace Stevens :

La paume se dresse au bord de l’espace.
Le vent se déplace lentement dans les branches.
Les plumes de l’oiseau pendent vers le bas.

Cette imaginative and prescient avait un précédent. Quand j’étais à l’université, mon trajet entre l’immeuble à trois étages délabré où je vivais hors campus et mes cours m’a conduit au musée de zoologie comparée de l’université, qui abritait une assortment de fleurs en verre. Je m’arrêtais souvent pour les regarder. Un hiver, il y avait une Karmann Ghia vert grenouille dans le parking glacé du musée. Je n’en avais jamais vu auparavant, et c’était comme si cette voiture étrange et magique, comme les orchidées de verre et les delphiniums, s’était également matérialisée à partir d’un souffle expiré. J’ai appelé mon fils, qui est fou de voiture. Récemment, je l’ai entendu recommander une Maserati GranTurismo à un ami. Et si on cherchait une Karmann Ghia ? J’ai demandé. Volkswagen a arrêté de fabriquer la Karmann Ghia en 1975. Il a dit : « Eh bien, ce n’est pas trop pratique, vous ne trouvez pas ? Un biplace ?

Il m’est alors venu à l’esprit, comme chaque jour par la suite, que tous mes enfants, dont trois presque adultes, attendaient des sièges dans n’importe quelle voiture que je possédais, une voiture assez grande pour continuer à transporter leurs vélos, planches de surf, boîtes de livres, sacs polochons de linge. Il s’est avéré que la réponse était un break Saab. Nous l’avons trouvé chez un concessionnaire de voitures d’event dans le New Jersey. Ce n’était pas de l’or mais de l’argent. Lorsque j’ai annoncé cela à Mike, le mécanicien qui nous avait encouragés à remplacer la Volvo avant que le moteur ne tombe en panne, il a secoué la tête. Que diriez-vous d’une belle Honda ? dit-il.

La Saab avait dix ans. La climatisation était nonchalante, mais le chauffage fonctionnait. À quoi vous attendiez-vous ? dit Mike. C’est une voiture suédoise. Je l’ai conduit d’abord de manière périlleuse, puis de manière moins périlleuse. J’ai conduit pour voir mes mother and father, faire l’épicerie, dans le nord de l’État, en bas et de l’autre côté de New York pour enseigner à New Haven, comme si j’essayais de résoudre un puzzle dont les réponses m’échappaient. Au fil du temps, j’ai conduit pour rendre visite à un vieil ami, parcourant de longues distances pour le voir jusqu’à ce que la distance entre nous devienne trop grande.

Avec mon plus jeune enfant désormais seul à la maison avec moi, j’ai fait des voyages en voiture. Lors de ces voyages, nous avons souvent rencontré d’énormes nappes de pluie. Nous avons quitté la route, les feux de détresse clignotant. Dans la bathysphère de la voiture, nous avons joué au jeu Botticelli. Est-ce quelqu’un que je connais ? J’ai demandé à ma fille. Elle avait dix, onze, douze ans. Est-ce un homme ou une femme ? Sont-ils vivants ? Groucho Marx, Florence Nightingale, Yoko Ono, grand-père, sortis de l’obscurité. L’arrière de la voiture était rempli : du bois flotté, des cerfs-volants, un ensemble de Petite maison dans la prairie livres. Les sièges restaient granuleux de sable. Un jour, alors que nous traversions le Vermont sur un tronçon désolé de la route 2, nous nous sommes arrêtés pour faire le plein d’essence. Pendant qu’elle sortait une barre de glace du congélateur, l’homme derrière le comptoir lui dit : Vous conduisez sur cette route tout seul avec cette petite dame ? Oui, je l’étais.

Un an, quelques semaines avant Noël, une roue s’est détachée. La roue était vissée. Un ami bien nanti a dit : Laissez-moi acheter tu es une voiture. En février, il y a eu une tempête de neige. Quand j’ai quitté la maison pour déblayer la voiture, le côté droit était enfoncé : les deux portes avaient été brisées. Tony, un voisin sans adresse fixe, a dit : « Je leur ai dit que c’était votre voiture, mademoiselle ! Le chasse-neige de la ville avait fait les dégâts. Nous pouvons appeler cela une perte, a déclaré Mike lorsque je l’ai amené au storage. Au lieu de cela, nous avons utilisé l’argent de l’assurance pour faire la carrosserie. L’été suivant, lors d’un autre voyage au Vermont, la Saab a fait un étrange bruit de grincement. J’ai appelé Mike. Il m’a dit de tenir mon téléphone près de la voiture pour qu’il puisse l’entendre. Je pense que tu vas bien, dit-il. À un ami qui hésitait à apprendre à conduire, j’ai dit : j’ai appris à conduire pour pouvoir quitter mon mariage. Je ne veux pas quitter mon mariage, dit-elle.

La fin est arrivée. Cet automne-là, sur la route de New Haven à New York, de la fumée commença à sortir de sous le capot. J’ai quitté la sortie la plus proche vers le parking de la société Sikorsky Plane et je suis sorti. Un garde gesticulait. Je ne peux pas le déplacer, dis-je. Il y avait maintenant un panache de fumée considérable et quelques petites flammes – des plumes enflammées. Je ne peux pas le déplacer, dis-je. Le garde m’a regardé, puis à nouveau vers la voiture. Eh bien, dit-il, je pense que vous ne pouvez pas.

Il a appelé un storage. Ils ont accepté d’envoyer une dépanneuse. J’ai appelé un de mes anciens étudiants, qui avait une voiture et qui avait payé ses études universitaires en jouant en ligne, pour qu’il vienne me chercher. La Saab est partie tranquillement, après s’être épuisée en histrionique. Par miracle, la gare voisine possédait un bar. Dans la matinée, j’ai appelé Pete, le mécanicien de Shelton, et lui ai demandé s’il accepterait de s’entretenir avec Mike. Mike a appelé environ une demi-heure plus tard. Il a dit : Tu te souviens que tu m’as demandé de te dire quand c’était l’heure ? Eh bien, il est temps.

Le week-end suivant, dans une voiture de location, ma fille et moi sommes allés à Shelton. Le soleil était au rendez-vous. Lors de nos voyages, de temps en temps, nous achetions des cartes à gratter d’un greenback lorsque nous nous arrêtions pour faire le plein d’essence. Une fois, nous avons gagné un greenback, mais nos pertes ont dépassé les beneficial properties. À Stamford, nous nous sommes arrêtés pour en acheter un. Quand nous sommes arrivés à Shelton, je ne voulais pas sortir de la location. Allez, maman, a dit ma fille. La Saab se trouvait au bout d’une file de voitures en profond délabrement, son châssis argenté noirci par d’énormes empreintes de fumée, comme si elle avait été ramassée et rejetée sur terre par un géant.

J’ai signé les papiers – la voiture serait mise à la ferraille pour pièces détachées – puis nous sommes allés nous dire au revoir. Le décor de Laura Ingalls Wilder était toujours à l’arrière. J’ai ouvert le coffre pour le sortir. Laisse tomber, dit ma fille ; c’est toujours bien d’avoir quelque selected à lire. Elle sortit la carte de loterie de sa poche et la glissa sous le paillasson. Nous n’avions pas effacé les chiffres. Bonne probability, dit-elle. Elle s’est tournée vers moi. Nous retenions tous les deux nos larmes. On ne sait jamais, n’est-ce pas ? elle a dit : Elle pourrait gagner.

Oui, on ne sait jamais. Je ne pouvais pas conduire, et puis je le pouvais. J’ai conduit vers des endroits où je voulais aller, et quand je ne voulais plus aller dans ces endroits, j’ai conduit vers d’autres. Quand je pense à la voiture argentée délabrée, qui nous a emmenés à travers la neige, la pluie, la chaleur et l’obscurité, à un oiseau aux ailes de feu, s’envolant vers on ne sait où, démembré, il y a une panoplie d’autres pictures, des diapositives de lanternes, comme des panneaux d’affichage sur une autoroute détrempée : la Karmann Ghia glacée devant le musée des fleurs de verre ; le panneau routier, quand nous avons quitté le magasin sur la Route Deux et que la barre de glace coulait sur le siège, qui disait ATTENTION AUX ANIMAUX SAUVAGES; Nausicaa, pêchant Homère hors de la mer, l’emmaillotant dans du linge. Quel navire a-t-elle brûlé ? Faites signe jusqu’à ce que nous ne puissions plus vous voir ! ont crié mes enfants lorsque nous avons laissé mon père debout dehors sous les pins près de la crique, alors que nous partions dans notre dangereuse voiture.

Il y a quelques semaines, j’ai amené la voiture que je conduis actuellement pour la faire inspecter dans un storage du nord de l’État de New York. Dans le champ derrière le magasin se trouvait une Saab 99 de 1974. Elle était noire brillante et avait une silhouette arrondie et amphibie, comme celle dont je me souvenais de ma première vue de la Karmann Ghia, vitreuse de glace, sur le parking de Cambridge. Un petit essuie-glace était attaché à chaque phare. On aurait dit exactement qu’il battait des cils.

Lorsqu’Ulysse aperçoit Nausicaa pour la première fois près de la crique de Phéacie, il la examine à un palmier élancé de Délos qui a rempli son cœur d’émerveillement. Quand mon père est mort, le Nausicaä a été vendu. Ou était-ce ? Personne ne peut s’en memento. Peut-être qu’il a navigué vers son propre passé, Indian Neck, avec le fantôme de la jeune fille que j’étais, lisant un roman, reposant sa tête sur le plat-bord. Nous avons gardé la Saab en vie aussi longtemps que potential. L’idée de possibilité est implicite dans tout véhicule : partir, et peut-être revenir. Pour l’au-delà, nous lui avons donné de la probability et quelque selected à lire. « Il fait trop sombre la nuit pour sortir avec des panthères », dit Papa. La petite maison dans la prairie. Qu’est-ce qui persiste dans l’esprit entre ce qui s’est produit et ce qui ne s’est pas produit ?

Les livres les plus récents de Cynthia Zarin sont L’hiver, un roman, et Le lendemain : poèmes nouveaux et sélectionnés. Son roman Domaine sera publié cette semaine.

Tags: CynthiaDiscussionparsurvoitureZarin
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