Dans un numéro de Revue Projet (France) explorant nos diverses relations avec les forêts, Alain Karsenty écrit sur le « mirage de la compensation » : l’idée selon laquelle planter ou protéger des forêts peut compenser les émissions de carbone. Les entreprises aiment parler de « neutralité carbone » automotive cela leur permet « d’éviter de remettre en trigger fondamentalement leur modèle économique ». Mais ces projets ne tiennent pas leurs promesses.
L’un des problèmes est celui du temps : les arbres ont besoin de plusieurs décennies pour emprisonner le carbone pour lequel ils sont plantés. Les tentatives visant à résoudre ce problème en plantant des espèces à croissance rapide aggravent la state of affairs à lengthy terme, automotive ces espèces ont une durée de vie plus courte et stockent donc du carbone moins longtemps. Malheureusement, « plus de la moitié des projets de « restauration » forestière actuels ou prévus dans le monde sont de ce kind », écrit Karsenty.
Parmi les autres inconvénients de la compensation figurent les fuites de carbone dues aux tensions avec les events prenantes locales sur l’utilisation des terres et la vulnérabilité croissante des forêts aux incendies de forêt, aux sécheresses et aux ravageurs. Les incitations financières visant à encourager les gouvernements à mettre en œuvre des politiques forestières durables posent également problème. Pour fonctionner, ils doivent tenir compte de la « nature composite des États, où les décisions politiques ne sont pas le produit d’une évaluation rationnelle coûts-avantages, mais sont soumises à des intérêts particuliers et à la corruption ». Un cadre cohérent permettant à des consultants indépendants d’évaluer les projets est également essentiel.
En fin de compte, estime Karsenty, la compensation ne suffira pas à arrêter la déforestation. Des politiques telles qu’une baisse des taxes sur les produits certifiés « zéro déforestation » seront nécessaires pour encourager les consommateurs à changer leurs habitudes.
Se mobiliser pour le Inexperienced Deal
En Europe, ce kind de volonté politique est fragile. Kelsey Perlman study les problèmes qui assaillent le Inexperienced Deal européen, lancé en 2019 comme une feuille de route ambitieuse pour faire de l’UE le premier continent neutre en carbone d’ici 2050. Ses objectifs sont de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de protéger les terres naturelles de l’UE. Mais ses piliers sont sapés par « les pressions économiques, les tensions géopolitiques et la rhétorique anti-réglementation », qui sont toutes exacerbées par les victoires de l’extrême droite aux élections européennes de 2024.
Par exemple, malgré la grande popularité du règlement européen sur la déforestation parmi les citoyens européens, une « alliance entre des groupes d’extrême droite et le PPE » tente de forcer le Parlement européen à l’édulcorer au level de le « vider de sa substance ». L’avenir du règlement reste indécis.
Les députés européens conservateurs et d’extrême droite, de mèche avec l’industrie forestière européenne, tentent également de torpiller une loi qui améliorerait la collecte de données forestières en Europe. Les lobbies industriels, affirme Perlman, « ne veulent pas que le débat sur la gestion industrielle des forêts soit éclairé par des données plus précises ».
Parallèlement, les tentatives visant à adopter une législation obligeant les États membres à restaurer les écosystèmes dégradés – plutôt que de simplement les préserver – se sont heurtées à une résistance farouche de la half du PPE ainsi que de la Suède, de la Finlande, de l’Estonie et d’autres pays dotés d’un essential secteur forestier. Alimentée par l’anti-environnementalisme de l’extrême droite, cette « déréglementation rampante » constitue une menace sérieuse à « l’ambition de garantir que les politiques environnementales de l’Europe soient à la mesure des urgences actuelles en matière de climat et de biodiversité ».
Au niveau native, écrit Perlman, les citoyens se mobilisent pour protéger les forêts européennes. L’une de ces initiatives est Inexperienced-Forest, qui vise à améliorer la gestion forestière et à protéger les forêts du massif du Vercors en France. Son fondateur, Benoît Coulée, explique que l’un des obstacles à la mise en œuvre de pratiques durables en France est le caractère fragmenté de la propriété foncière – avec des forêts souvent divisées en de nombreuses petites parcelles (quatre hectares en moyenne). La longue durée de vie des projets forestiers, qui peuvent prendre des décennies avant de produire des résultats, rend difficile la coordination avec les propriétaires, étant donné que les terres peuvent avoir changé de mains plusieurs fois au cours de cette période.
Une façon d’éviter que les projets durables ne s’enlisent dans des conflits et de réduire le travail administratif onéreux des gestionnaires forestiers – « qui doivent entretenir des relations avec des milliers de propriétaires différents » – consiste à créer des groupements forestiers. Celles-ci sont dirigées par un représentant légal seul responsable de la prise de décision.
Créé il y a plusieurs décennies par des familles « pour éviter les pièges de la copropriété et les impasses inextricables », groupements forestiers ont été adoptés par Inexperienced-Forest et d’autres groupes de citoyens, qui les utilisent pour gérer les forêts de manière respectueuse de l’environnement. Inexperienced-Forest achète des terres boisées à des propriétaires privés du Vercors pour créer un territoire de plusieurs centaines d’hectares pouvant être géré durablement de manière efficace et rationalisée, afin que « les intérêts forestiers et écologiques priment sur les intérêts économiques ».
Forêts mixtes, bois sturdy
Professional Silva est une autre affiliation qui œuvre pour encourager une approche plus sturdy de la gestion forestière. Son directeur, Antoine Cadoret, décrit son objectif comme « promouvoir une foresterie mixte à couvert continu (MCCF) basée sur une approche irrégulière qui respecte les processus naturels des écosystèmes forestiers ». Le MCCF est déjà inscrit dans le code forestier en région wallonne de Belgique, ainsi qu’en Slovénie et en Suisse. Mais son adoption en France a encore une fois été entravée par le fait que 75 pour cent des forêts françaises appartiennent à de petits propriétaires fonciers.
L’objectif du MCCF est de maintenir la forêt comme un « écosystème à construction irrégulière, diversifié et hautement fonctionnel » en abattant un petit nombre d’arbres soigneusement sélectionnés sur une base proceed au lieu de couper à blanc des zones entières et de replanter une seule espèce. Les avantages sont à la fois environnementaux, en termes d’augmentation de la biodiversité, et commerciaux, automotive les forêts mixtes produisent du bois de meilleure qualité et deviennent plus résilientes aux catastrophes naturelles et aux ravageurs.
Avec la demande croissante de bois en tant que ressource sturdy, le modèle actuel de manufacturing de bois a atteint ses limites. Comme le dit Cadoret, « dans la foresterie intensive, on croit que la forêt doit s’adapter aux besoins de l’industrie. Mais nous pensons que c’est l’industrie qui doit s’adapter à ce que la forêt est succesful de fournir.
Publié en coopération avec CAIRN Édition Internationaleécrit par Cadenza Educational Translations.