Dans un numéro de Esprit intitulé Consciences de l’écologieCatherine Larrère revient sur la façon dont la pensée écologique du philosophe social André Gorz a été façonnée par deux ouvrages publiés dans les années 1970 : celui d’Edward Goldsmith et celui de Robert Allen. Un plan de survieet le rapport Meadows sur Les limites de la croissance. Gorz en a tiré la leçon que la poursuite de la productivité économique présente un risque pour la vie humaine et que, par conséquent, la croissance doit être limitée, voire réduite.
Mais quelle sorte de politique cela nécessite-t-il ? Exige-t-il une réforme ou une révolution ? Dans l’approche réformiste, « le capitalisme reste dominant mais adopte un sure nombre de contraintes écologiques sur la manufacturing économique et la technologie ». Gorz a rejeté cela en faveur d’une approche révolutionnaire, qui nécessite « un changement international : une économie différente, des relations sociales différentes, des modes et moyens de manufacturing différents, afin de laisser le capitalisme derrière nous de manière civilisée ».
C’est du socialisme, mais d’une forme peu orthodoxe. Fortement influencé par Sartre, Gorz soutenait une politique « antiproductiviste » qui considérait la « liberté au niveau collectif » comme plus importante que la productivité. L’objectif était de « séparer les zones libres d’obligations productives, d’élargir la sphère d’autonomie et de donner à ceux qui sont exclus du travail la possibilité de choisir les activités qui leur conviennent ».

Ce sont ces considérations antiproductivistes qui ont conduit Gorz à soutenir l’idée d’un revenu de base universel. Mais la pensée de Gorz avait aussi ses limites, reconnaît Larrère – en particulier son idée de la nature comme quelque selected avec laquelle il faut lutter et du dualisme entre l’humanité et la nature.
Charbonneau
Ce n’était pas le cas dans les travaux du philosophe écologique Bernard Charbonneau. Comme le décrit Patrick Chastenet, Charbonneau concevait la liberté comme un contact direct avec la nature. Ayant grandi à Bordeaux, il s’installe à Paris, où il publie son premier ouvrage dans le cadre du livre d’Emmanuel Mounier. Esprit groupe. Cela comprenait les « Directives pour un manifeste personnaliste » (1935), écrites avec Jacques Ellul, qui présentaient la première proposition d’auteurs occidentaux de limites auto-imposées à la croissance.
Grâce à ses travaux dans les années 1930, écrit Chastenet, Charbonneau est devenu « le principal théoricien français de l’écologie politique du XXe siècle ». Mais c’est en 1969 qu’il publie son livre le plus essential, Le Jardin de Babylone. Cela s’est produit précisément au second où la conscience écologique devenait dominante. Charbonneau s’est plongé dans la politique écologique de l’époque, affirmant que l’humanité se trouve dans « une relation dialectique avec la nature » : « La liberté de l’humanité lui commande de maîtriser la nature, mais s’il la détruit, même s’il se contente de l’organiser, il détruit simultanément sa propre capacité à expérimenter la liberté. »
Charbonneau devient profondément hostile à la tradition vehicle et, surtout, à l’industrie touristique, « parce qu’elle est animée par la recherche et la consommation de l’espace ». Charbonneau préconisait plutôt une approche du voyage moins développée et plus improvisée, qui permettrait de « conserver des espaces libres de toute organisation » et de « rétablir une relation normale entre les personnes et l’espace ». La resolution qu’il proposait était de stopper la croissance économique, en divisant l’économie en « petites unités autogérées et autarciques ». Comme le souligne Chastenet, il savait qu’il ne proposait pas de « remède miracle ». Au lieu de cela, « il nous a invité à ralentir le rythme, à respecter les limites et à établir des factors de référence ».
Anarcho-écologie
Simon Guyomard et Édouard Jourdain insistent sur le fait qu’il ne faut pas oublier les racines de la pensée écologique. En particulier, il est essential de récupérer la custom anarchiste, « l’un des premiers courants à concevoir l’émancipation humaine et la préservation de l’environnement comme deux dimensions indissociables d’un même projet social ».
Ce lien est profondément enraciné dans la pensée anarchiste et remonte à ses fondateurs au XIXe siècle. Pour Élisée Reclus, par exemple, « géographie et anarchisme sont indissociables : si l’on veut comprendre les sociétés humaines, il faut comprendre remark elles s’inscrivent dans leur environnement naturel ». En Russie, des préoccupations similaires animaient la pensée de Pierre Kropotkine. Cette custom – qui reste lively dans le monde entier, depuis le zones à défendre en France au kurde syriaque – est écologique mais pas réactionnaire. Il met l’accent sur l’interdépendance, considérant la nature « non pas comme un entrepôt de ressources à exploiter, mais comme un ensemble d’environnements de vie constitutifs de formes sociales ».
Éro-politique
La philosophe écoféministe Myriam Bahaffou est fascinée par l’interdépendance de la nature, des formes sociales et de la vie personnelle. Le désir, l’intimité et les émotions sont au cœur des enjeux écologiques, explique-t-elle dans un entretien avec Matthieu Febvre-Issaly.
«Je me suis intéressée à l’écologie en tant que femme ayant grandi dans un quartier populaire, en tant que féministe queer, antispéciste, maghrébine et étudiante en philosophie.» Malgré l’hostilité à laquelle elle a été confrontée, elle proceed de soutenir que « les militants ont intérêt à nouer des alliances plutôt que de s’éloigner de la recherche… et vice versa ».
En défendant l’significance de l’émotion dans la politique environnementale, elle plaide pour « l’inclusion d’une dimension… d’intimité qui ne peut pas être capturée par des politiques plus institutionnelles, officielles et hiérarchiques, automobile elles promeuvent une idéologie – c’est-à-dire des idées abstraites, des fantasmes qui sont utilisés pour attiser les peurs sociales et les paniques morales ».
Ce qu’elle appelle « l’éropolitique » « redonnerait du désir au monde dans lequel nous vivons » : « Rendre l’amour au monde, à ses formes de vie, à sa biodiversité, à ses mutations et à son avenir – c’est un programme écologique qui devrait être passionnant et accessible à tous. »

Publié en coopération avec CAIRN Édition Internationaleécrit par Cadenza Educational Translations.



