Il est attainable de reconnaître des événements historiques au second où ils se déroulent, même si leur signification est encore difficile à évaluer. Même si le 7 octobre n’a pas l’ampleur de la chute de l’Empire romain ou de la révolution industrielle, il présente les caractéristiques d’un « grand » événement. Un grand événement est celui qui a des conséquences aims majeures pour les events impliquées ; c’est un projet qui est reconnu comme essential par ses contributors ; et c’est celui qui a un « avant » et un « après ».
7 octobreème remplit toutes ces circumstances. Cet événement a été vécu aussi bien par les Israéliens que par les Palestiniens apatrides comme l’événement le plus dramatique de mémoire d’homme. À l’échelle mondiale, cela a marqué une rupture profonde dans la notion qu’ont les Juifs de leur propre relation à la modernité. Et avec le recul, cela a peut-être été la trigger d’une lueur d’espoir dans cette région sombre, même si l’challenge du cessez-le-feu et du programme Trump en 20 factors reste à voir. Comme c’est parfois le cas dans la vie et dans les affaires mondiales, le désastre et l’espoir vont de pair.
En effet, des choses positives se sont produites. Le premier est le coup deadly qu’Israël et les États-Unis ont porté à l’Iran. Le rôle nocif et criminel que l’Iran a joué dans l’irritation de la région ne peut être surestimé. L’affaiblissement militaire de l’Iran, l’État parrain du terrorisme dans le monde entier, ainsi que la formation d’une alliance de sécurité entre Israël, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, la Jordanie, Bahreïn, l’Égypte et le Qatar, sont susceptibles de transformer la région.
La deuxième bonne selected qui s’est produite est l’implication des pays arabes dans le conflit. Pour la première fois, les Émirats arabes unis, l’Égypte, l’Arabie saoudite et le Qatar se sentent responsables d’avoir contribué à l’élaboration d’un cessez-le-feu entre Israël et les Palestiniens. Cela contribuera à porter la résolution de ce conflit à un niveau régional, garantissant ainsi peut-être une paix sturdy.

Washington, 14 mars 2024. Picture Kevin Payravi / Supply Wikimédia Commons
Cependant, le 7 octobre comporte une autre leçon : l’opinion publique progressiste et les dirigeants israéliens ont tous deux été lamentables.
L’intensité de l’intérêt suscité dans les pays occidentaux par ce conflit devrait nous étonner. Jamais auparavant un désastre humanitaire causé par une guerre sans soldats européens ou américains n’avait agité autant de manifestants avec autant d’intensité ni suscité une condamnation de la half des dirigeants du monde comparable à celle de Pedro Sanchez, Lula da Silva, Nicolaś Maduro ou Gustavo Pedro. Cela aurait été une bonne nouvelle pour le monde, si cela avait signifié que ces mêmes personnes et ces mêmes dirigeants étaient aussi profondément impliqués et indignés par les tragédies tout aussi insondables au Soudan, au Congo, en Éthiopie, au Kenya, au Yémen et ailleurs. Hélas, le type des Palestiniens semble seul succesful d’émouvoir et de captiver de telles foules. La Palestine est devenue un métonyme et un exemple de toutes les autres causes progressistes. Pourtant, ses défenseurs ont souvent fait preuve d’un manque flagrant de connaissances et de compréhension de la région.
Le 7 octobre a vu la montée de deux gauches : la gauche de Gaza et la gauche de la Shoah, dont la division chevauche grossièrement la distinction entre la gauche progressiste et la gauche sociale-démocrate. Israël et la Palestine sont devenus le level de cristallisation d’un ensemble plus giant de questions et de débats concernant la (il)légitimité de la violence, le remplacement de l’universalisme par une politique identitaire, la compétition entre la mémoire du colonialisme et la mémoire de la Shoah, et le privilège de la justice sur la réconciliation.
Réactions en Occident au 7 octobreème et ses conséquences ont marqué l’expression extérieure d’une refonte préalable des cartes morales et politiques, tout en accentuant encore ces transformations. Non seulement elle a creusé un fossé entre ces deux varieties de gauche et aliéné de nombreux Juifs dans les démocraties occidentales, mais elle a également renforcé l’extrême droite, presque partout.
La gauche de Gaza a échoué de façon spectaculaire dans la tâche et la vocation de la gauche. Une vraie gauche aurait travaillé sans relâche à atténuer, à servir de médiateur et à servir de pont entre les Israéliens et les Palestiniens gravement traumatisés. Mais rarement la gauche, y compris les commentateurs qui l’accompagnent, n’a échoué de manière aussi spectaculaire dans sa tâche. Au lieu de nous aider à comprendre, à expliquer, à apporter de la complexité et des nuances à la tragédie, de nombreux hommes politiques, influenceurs, commentateurs, artistes, cinéastes et romanciers de gauche ont attisé les flammes d’un conflit déjà brûlant.
Au lieu de construire des liens de solidarité avec les groupes au sein des sociétés palestiniennes et israéliennes qui veulent la paix, au lieu de rendre chaque camp intelligible à l’autre, au lieu d’offrir une various à la rhétorique de la guerre, au lieu de renforcer l’idéal de paix, et au lieu de réfléchir aux mécanismes et aux establishments qui pourraient aider à surmonter une hostilité vieille d’un siècle, beaucoup à gauche ont redoublé la rhétorique de la guerre, ajoutant une nouvelle couche de haine à une ancienne. Ils ont traité cette tragédie comme un movie hollywoodien, avec les victimes d’un côté et les auteurs de l’autre. La pureté morale et l’autosatisfaction ont à peine caché la haine qui a trop souvent été l’esprit animant la gauche de Gaza.
Netanyahu s’est également comporté de manière si épouvantable que l’antipathie que sa personne semble générer de manière distinctive s’est étendue à Israël lui-même, en tant que pays. Il a refusé de désavouer la politique qui a poussé le Hamas à commettre ses crimes ; il a refusé d’assumer la responsabilité de ne pas avoir tenu compte des signaux d’alarme ; il a redoublé de corruption de l’appareil d’État en embauchant des loyalistes à la tête de l’armée et des providers secrets and techniques ; et il a mené une guerre qui ignorait l’opinion publique mondiale, la misère palestinienne et le désespoir des familles des otages israéliens. Netanyahu mérite d’être jugé durement par l’histoire. À trigger de lui, Israël aura du mal à réhabiliter son statut et son picture.
À la suite de ces deux échecs monumentaux, la scenario des Juifs dans les démocraties libérales a radicalement changé d’au moins trois manières. L’ordre ethical de l’après-Seconde Guerre mondiale a peut-être marqué l’âge d’or des communautés juives. Même si l’antisémitisme couvait encore sous la floor, les Juifs étaient « protégés » par la mémoire de la Shoah. Partout dans le monde occidental, ils ont épousé sans réserve le programme libéral. Mais ils se sentent désormais, sinon comme des étrangers, du moins inconfortablement désarticulés des sociétés dans lesquelles les expressions d’antisémitisme sont devenues monnaie courante sous couvert d’antisionisme de gauche. Le lengthy mariage entre les Juifs et les diverses formes d’universalisme – libéral, social-démocrate, socialiste, communiste – a pris fin.
Le deuxième changement est que, même si le statut d’Israël parmi les Juifs eux-mêmes est passé de quasi-hégémonique à controversé après la guerre du Kippour en 1973, il est désormais devenu une supply de division profonde entre ceux dont l’identité est façonnée par Israël et ceux de plus en plus engagés dans le progressisme. La query du nationalisme et d’Israël divise les Juifs d’une manière sans précédent dans l’histoire récente.
Dans un banc enquête de février 2024il existe un écart partisan essential parmi les Juifs américains à l’égard du gouvernement israélien : 85 % des Juifs républicains et de tendance républicaine ont exprimé une opinion favorable, contre seulement 41 % des Juifs démocrates et de tendance démocrate. Pour une majorité de Juifs, leurs opinions politiques déterminent leur allégeance à l’État juif. Mais le fossé est bien plus profond qu’une easy divergence d’opinions. Il exprime deux parcours opposés et des définitions fondamentalement différentes de la judéité ; et cela risque probablement de diviser le peuple juif en deux branches différentes qui ont peu de choses en commun.
Cette fracture entraînera également, à terme, un changement dans la politique américaine. Cela est déjà palpable à New York, où plus de 40 % des Juifs sont favorables à l’élection d’un maire pro-palestinien. Mais l’éloignement d’Israël ne se produit pas seulement parmi les démocrates juifs. Jamais autant de républicains, juifs et non-juifs, n’ont été aussi sceptiques, voire opposés, à l’idée d’une aide inconditionnelle à Israël. Cela signale peut-être un changement fondamental de la politique américaine à l’égard d’Israël (Marjorie Taylor Inexperienced ou Tucker Carlson en sont des exemples).
Le troisième changement, et peut-être le plus déroutant, est que dans de nombreuses démocraties, l’extrême droite s’oppose désormais le plus vigoureusement à l’antisémitisme. Cela est vrai aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France, en Espagne, au Brésil et surtout en Allemagne. De nombreux quartiers de la gauche ont honteusement déclaré que l’antisémitisme n’était pas un problème, laissant ainsi ce terrain grand ouvert à leurs opposants. Mais ce changement est également dû au fait que l’extrême droite s’identifie au modèle politique israélien de démocratie ethnique et a approuvé sa guerre contre le terrorisme (l’Iran et ses mandataires). Netanyahu a été particulièrement apte à forger des alliances politiques avec des membres de l’extrême droite internationale, qu’ils soient antisémites ou non. Il a également réussi à présenter le conflit israélo-palestinien comme une guerre de civilisation dans laquelle Israël protège l’Occident.
C’est une très mauvaise nouvelle. Historiquement, l’extrême droite a été le terreau de l’antisémitisme moderne. En raison de la désertion et de l’échec abyssal de la gauche progressiste, les Juifs y trouvent aujourd’hui répit et réconfort. Mais ce sera comme si Othello se réfugiait chez Iago. La bête va se réveiller.
La militarisation de l’antisémitisme par l’administration Trump et le gouvernement israélien, afin de faire taire les critiques et de policer, punir et contrôler les universités, laissera une tache sturdy sur la lutte contre l’antisémitisme. Le fait que de nombreux Juifs sionistes considèrent désormais l’extrême droite comme leur alliée ne fait que montrer à quel level ils sont assiégés et à quel level la sphère idéologique en général est devenue chaotique et confuse.
7 octobreème a marqué l’effondrement de nos catégories sémantiques : génocide, résistance, violence, guerre, démocratie, gauche, droite, racisme, colonialisme, antisémitisme – toutes ont perdu leur sens. Ce que le 7 octobre a marqué, c’est la disparition de notre espace public, dont la vocation semble désormais être de priver les mots de leur sens. Steven Bannon, l’éminence grise du MAGA, avait un nom pour cela : « inonder la zone ». 7 octobreème a élevé le charabia ethical et politique à de nouveaux sommets. Parallèlement à la tâche consistant à aider deux populations à surmonter leurs traumatismes, nous devons reconstruire le sens des mots qui ont historiquement fait avancer la démocratie. Cela demandera de la endurance et de la imaginative and prescient.