Dans Zeina AzzamLa fascinante assortment de poèmes de Certaines choses ne vous quittent jamais (Tiger Bark Press, 2023), la tendresse signifie regarder directement ce qui vous blesse et vous remplit à la fois. Un facteur universel de l’existence humaine est le besoin d’entrer dans un espace expressif, qui distille des moments de sa vie en essences. Qu’il s’agisse de se tenir au lit de mort d’un mum or dad en se demandant quand auront lieu les prochaines retrouvailles avec un être cher mourant ou de se réjouir de la capacité d’un enfant à énoncer les lettres arabes malgré la troncation de la patrie fondatrice (la Palestine), Azzam analyse habilement le seuil des joies et des pertes et les rend dans un lyrisme haletant.
Dans l’un des poèmes phares du recueil, « You May Inform Your self », Azzam invite le lecteur à une dialog philosophique avec son âme alors qu’elle lutte pour donner un sens à la mort et à la fugacité :
On pourrait presque tout se dire.
que quand tu regardes ta mère
Sur son lit de mort, vous dites bien, elle a eu une vie bien remplie.
La poétesse est perturbée par l’idée de sa mère mourante et refuse les consolations faciles. Dans ce poème, elle sonde le sens et l’ampleur de la perte ; en fin de compte, pour Azzam, ces expériences sont ineffables même lorsqu’elle les traverse. Plus tard, elle conclut avec une certaine plénitude ou une compréhension durement acquise :
Tu pourrais alors te dire qu’il y a des innommables,
des mains invisibles qui continueront à s’ouvrir, à se fermer,
flottent comme des feuilles entre toi et ta mère
et peut-être avec les pictures
et les souvenirs qui viennent quand tu fermes les yeux,
que c’est vraiment tout ce qu’il y a.
Dans cette assortment, Azzam ne pleure pas seulement la perte d’êtres chers, mais célèbre également les couches de sa propre hybridité.
Dans ce recueil, Azzam ne se contente pas de pleurer la perte d’êtres chers, elle célèbre également les différentes facettes de sa propre hybridité. Dans l’un de mes poèmes déclaratifs préférés du recueil, « Je suis une Américaine d’origine arabe », la poétesse décrit ce que c’est que d’avoir une double identité, qui lui permet une richesse d’allusions et une synthèse de views :
Parce que je vois Gaza quand un manifestant lève le poing à Ferguson
Parce qu’Abu al-Qassim al-Shabbi et Angela Davis m’inspirent à agir…
Parce que j’apprécie le café du Yémen, les dattes d’Irak, les pistaches d’Irak
La Syrie, ainsi que les noix de pécan, le maïs et les pommes de Géorgie, de l’Iowa et de New York,
Parce que j’écris dans des langues qui vont dans des instructions opposées
Parce que l’arabe et l’anglais sont mes archétypes de sanctuaire
Dans la description d’Azzam, la dualité peut être un « sanctuaire », un lieu et un espace qui peuvent produire des confluences, une fusion de forces apparemment opposées, une sorte de réalisation. En offrant au lecteur cet inventaire fluide de ce que signifie être « arabe » et « américain », Azzam remet en query les manifestations d’exclusion de l’identité et amplifie la beauté et les prouesses de l’hybridité. Le regard errant du poète offre une affirmation à ceux qui sont perpétuellement liés par des identités à trait d’union, l’exil et une nouvelle appartenance.
L’œil vagabond du poète offre une affirmation à ceux qui sont perpétuellement liés par des identités à traits d’union, l’exil et une nouvelle appartenance.
L’une des caractéristiques les plus étonnantes de ce recueil est la capacité de l’auteur à décrire avec le langage ce qu’elle voit avec ses yeux. Les capacités d’commentary intenses d’Azzam se manifestent dans ses poèmes sur la nature. De nombreux poèmes du livre sont des odes à la nature, notamment « Seen and Unseen », « Peacefulness on the River » et « Physics and Chemistry of Issues ». Dans « Think about Jasmine », la poétesse loue l’insistance de la nature sur la répétition et le modèle :
Imaginez chanter la mélodie de la grive des bois,
le chorus d’un coq au lever du soleil,
la ligne de basse répétitive d’une grenouille taureau,
une ballade de cigale en dents de scie, Je suis juste là, je suis juste là
Dans ce poème intensément lyrique, le lecteur peut être rassuré par le langage structuré de la nature ; les vers d’Azzam sont de délicieux cadeaux à savourer et à retenir. Elle rappelle au lecteur de rechercher la paix (parfois insaisissable) dans la nature, en suivant les traces de Wendell Berry et de Mary Oliver.
En définitive, le séjour du poète dans la nature lui permet d’être intrépide et d’avancer dans un environnement confus, souvent hostile, où « ce monde vaporeux et silencieux / se meut à un rythme lent ». Si nous suivons Azzam jusqu’à la rivière, nous trouverons aussi le repos où « il ne restera que le bleu clair du ciel / de la paix / et la clarté éclatante de l’eau ».